Exposition Dans le Potager du Roi, à quelques pas du château de Versailles, l’Agence TER propose « Nous… le climat », une découverte sensorielle qui amène à repenser nos villes, en donnant la part belle à la nature. Cette expo est organisée dans le cadre de la Biennale d’architecture et de paysage (Bap!) à l’initiative de la Région Île-de-France. L’un des 3 fondateurs de l’agence, Henri Bava, revient sur le concept de cette exposition.
Organisée dans le cadre de la Biennale d'architecture et de paysage (Bap!) jusqu'au 13 juillet au Potager du Roi à Versailles (78), découvrez l'exposition gratuite « Nous… le climat ». Une découverte sensorielle autour de l'adaptation de l'espace public au changement climatique et de la nature en ville. Henri Bava, l'un des fondateur de l'Agence TER qui propose cette exposition nous explique le concept.
Rencontre avec Henri Bava
Comment l’Agence TER propose-t-elle des solutions concrètes et innovantes pour adapter au mieux nos espaces publics au changement climatique ?
Henri Bava : TER est une agence pluridisciplinaire. Architectes, urbanistes, botanistes, paysagistes et ingénieurs conjuguent leurs expertises pour aborder la complexité des territoires. Grâce à toutes ces compétences, nous nous approprions pleinement les lieux, leur sol – vivant et souvent méconnu – et leurs usages pour proposer des plans de réaménagement adaptés. Il n’y a pas de recette universelle : les projets s’élaborent à partir de l’existant dans une logique d’amplification du vivant. Il s’agit de révéler ce qui est déjà là, de favoriser la biodiversité et de repenser les usages.
À chaque nouveau projet, l’un des 3 fondateurs définit un fil conducteur, que nous appelons le « code source ». Il oriente la vision à long terme et est pensé pour être partagé avec les élus et les habitants, et que ceux-ci se l’approprient. Par exemple, la métropole de Toulouse, territoire en manque d’espaces verts, nous a sollicités il y a une dizaine d’années. Le long des 40 kilomètres de berges de la Garonne, peu d’espaces étaient valorisés en raison des risques de crues. Nous avons proposé un renversement de regard : plutôt que de fuir l’aléa, l’intégrer. Cela a donné naissance à un vaste parc de 3 000 hectares traversé de cheminements et où la nature retrouve toute sa place.
Pourquoi organiser votre exposition au Potager du Roi ?
B. V. : En candidatant auprès de l’École nationale supérieure du paysage, nous voulions concevoir un projet en plein air. C’était ce qu’il y avait de plus logique pour présenter nos métiers en lien avec les enjeux climatiques : investir un espace qui n’est pas à l’abri des éléments extérieurs, de la pluie, du soleil tapant et du vent, pour, au contraire, les exploiter.
Le Potager du Roi s’est imposé naturellement : c’est un site emblématique de l’histoire du « paysage vivant », entretenu quotidiennement par des jardiniers. Sa conception elle-même est inspirante. À l’origine, il a été pensé comme une « machine climatique », avec des murs qui protègent du vent et captent le soleil, créant un microclimat favorable à la pousse des fruits. Aujourd’hui, face au réchauffement climatique, nous devons inverser cette logique et utiliser ce savoir bioclimatique pour concevoir des villes plus fraîches et plus ombragées.
Comment avez-vous aménagé le Potager pour aider les visiteurs à se projeter dans un avenir durable ?
B. V. : Avec le Studio 5·5, nous avons imaginé une scénographie avec une longue table qui relie l’entrée côté ville et celle côté jardin de Versailles. Elle est divisée en 8 sections, chacune dédiée à une thématique : l’histoire du climat, les sols, les écosystèmes, l’eau, les jardins nourriciers, la ville, le vivant et un manifeste final invitant à la réflexion. Tout a été conçu pour inciter à l’échange. Et pour mieux se projeter, certaines expériences sensorielles ont été mises en place : à la table de l’eau, les visiteurs peuvent s’asseoir les pieds dans l’eau ; à celle du vivant, l’artiste Tristan Hamelin-Foulon a imaginé une ambiance sonore immersive. L’objectif est de rendre la visite sensible, presque physique, pour mieux faire passer les idées.
Quel message souhaitez-vous transmettre avec cette exposition ?
B. V. : Notre but est de sensibiliser pour faire comprendre qu’agencer nos villes de manière à laisser la nature fleurir et prendre l’espace est possible. À Barcelone, par exemple, nous avons créé un grand parc, exclusivement piéton, à la place d’un grand échangeur autoroutier, qui a été construit en souterrain. Si on peut le faire en centre-ville, on peut le faire partout : voilà notre message.
Informations pratiques
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RER C (Versailles Château-Rive Gauche)
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